samedi 10 août 2013

une chose qui s'est décoincée avec le Bac de mes garçons

Aujourd'hui, je viens de faire des connections intéressantes dans ma conscience (...c'est mon psy qui va être content).

D'abord les faits pour planter le décor, qui s'enchaînent comme par magie:
- fin juin, je trouve un emploi de rêve dans une équipe de rêve, avec des managers de rêve. Oui, oui, ça existe!
Je ne peux pas m'empêcher de penser que tout mon drôle de parcours professionnel et de formation m'a menée là: là où je peux être enfin pleinement utile - aux autres et à moi-même -  et utiliser tout mon potentiel: intellectuel, créatif, artistique, relationnel, manuel, organisationnel etc....(mon métier, c'est office manager, assez multitâches).
Certes, c'est rare, mais j'ai toujours senti qu'un horizon comme celui-ci m'attendait quelque part. Il fallait être patiente, et comme ce n'est pas ma première qualité, j'ai longtemps et beaucoup piaffé, dépensant une énergie inutile (que tous ceux qui ont subi mes mauvaises humeurs et mes états tendus me pardonnent).
Mon président m'a même dit en m'embauchant: "tu arrives quand tu veux, tu pars quand tu veux". Outre qu'il clique vite, il a tout compris à ma personnalité en 1h30 d'entretien et un test. Trop fort mon boss!

- début juillet, mes garçons obtiennent chacun leur Bac après repêchage. Normal, ils ont commencé à travailler en mai....Et comme on a bien fait les choses dans l'année, ils sont respectivement inscrits dans leurs écoles post-bac depuis ... octobre: c'est dire que ces écoles ont d'abord estimé leur personnalité et leur potentiel au cours de l'entretien d'admission, les carnets de notes ne leur faisant visiblement ni chaud ni froid.... (allez, une pique au passage: "avis aux amateurs"...mes amis comprendront cette vacherie, adressée à ceux qui pensent que les femmes n'ont pas de légitimité en matière d'éducation).

- le 17 juillet, je propose à 3 de mes amis de fonder le club ID pour Incorrigibles Déconneurs, avec des majuscules comme il se doit. Voici ce que je leur texte: "L'origine prend sa source dans l'insupportable rétrécissement de nos libertés. L'idée, très sérieuse, est d'imaginer des conneries à réaliser, en prenant soin de ne pas se faire prendre. Ou pas, d'ailleurs: j'ai toujours rêvé d'expérimenter une nuit de garde à vue.... Stratèges et innovateurs bienvenus. Une seule règle que je vous propose: ne pas mettre de vie en danger. RdV#1 mar 23/07 à 18h30, Jardin du Carrousel côté Seine, avec son manger + boire + ombrelle pour les chochottes. Are u in? Bizes and hugs, B". Nous étions quatre, deux hommes et deux femmes, ravis de reprendre le chemin de l'école buissonnière ensemble et de signer ainsi un GentleWoMan's agreement singulier...


Monet - le déjeuner sur l'herbe

Peu de jours après, ma mère me rapporte les propos de ma soeur: "mais elle est communiste, Béatrice!". A quoi je réponds: "non: anarchiste dans l'âme et marxiste, tendance groucho". Ma mère a bien rit (si vous la rencontriez, vous l'aimeriez immédiatement. elle est trop top).

La semaine dernière, je tombe sur un livre que j'aurais mieux fait de lire depuis longtemps, à mettre entre toutes les mains:



Comme c'est l'été, mes garçons se sont organisés leurs vacances et je les vois épisodiquement. Je peux ainsi passer un temps de qualité avec l'un pendant que l'autre est en vadrouille, ou carrément me retrouver seule à la maison à faire ce qui me plaît et dans l'ordre qui me va bien. Cette liberté toute neuve, je la goûte avec un plaisir non dissimulé: je siffle, je chante, je parle tout haut, je parle aux chats et aux bourdons qui viennent butiner les fleurs du jardin. Bref, je me sens revivre. Je peux à loisir écrire, méditer, regarder les fleurs, travailler, peindre, boire un café, lire, écouter un podcast de l'émission 3D de Stéphane Paoli, réfléchir, me reposer, jouer, tout ça dans un apparent désordre que je laisse le soin à mon instinct d'organiser savamment.

Au bout de ma journée, j'ai tellement fait de choses bien, y compris en ne faisant rien, que j'en suis vraiment profondément heureuse, comme rassasiée, comblée de joie. La même joie d'ailleurs que je trouve parfois auprès de mon amant. La même paix que lorsque je m'endors après avoir remercié ma bonne étoile des bonnes rencontres de la journée, des mots justes, des lumières croisées dans des regards anonymes.

Depuis quelques semaines, il m'est revenu à la mémoire le combat intérieur que j'avais mené pendant six mois avant de m'engager dans mon mariage: j'aimais profondément Patrick, de tout mon être, et j'aimais tout en lui: ses qualités et ses défauts, et même ma belle-famille: je voulais tout vivre avec lui. Un seul obstacle me taraudait: la perte de ma liberté. J'ai finalement accepté d'en prendre pour 16 ans avec lui, 20 ans avec mes enfants. C'est long. Même si j'ai évidemment vécu des grands et des petits bonheurs, la contrainte d'être toujours là quand il faut, c'est à dire partout, m'a épuisée. Mais si c'était à refaire, je referais tout. Les souffrances et les joies. Ce sont elles qui m'ont permis d'être là debout aujourd'hui. Mon programme éducatif pour notre famille c'était l'autonomie. Pour mes enfants, bien sûr, que j'amènerais à savoir se débrouiller pour mener leur vie. C'est chose faite. Pour nous aussi, les adultes: avancer ensemble tout en progressant chacun à son rythme, dans la direction qu'il voudrait. C'est chose faite aussi.

Il y a quelques années, j'ai enfin réussi à mettre un mot sur le sens de ma vie: au diable le concept/mot-valise de bonheur, que je qualifie volontiers de trompe-couillon universel. D'ailleurs, la pub nous ressert ce plat froid en abondance, c'est donc louche. Le bonheur ne s'achète pas à ce que je sache...
Le vrai sens de ma vie, ma quête ultime, c'est la liberté. Le bonheur en découlerait, comme un lac alimenté d'une vive et fraîche rivière de montagne.

Après l'expérience professionnelle et humaine la plus difficile de ma vie (trahison et mensonges que j'ai fait payer à mon prix pour accepter de me taire et ne pas aller au tribunal), j'ai été tentée de monter un beau projet, mais ce n'est pas encore le moment et ce n'était pas la bonne manière: je dépendais de trop nombreuses parties prenantes pour être efficace. J'ai senti intuitivement que ma belle construction mentale aurait la fragilité d'un château de cartes une fois bâtie, car un seul maillon faible pouvait faire s'écrouler l'édifice, et la e-réputation peut aller vite.
Mon inconscient a dû sentir le risque qu'un éboulement de trop m'aurait peut-être été fatal, en tout cas très dommageable. Je fais entièrement confiance à mon cerveau depuis trois ans pour m'aider à prendre les bonnes décisions et directions. Je le salue au passage de ne s'être pas trompé une seule fois. (Lire à ce propos la lettre de Marcel Proust du 2 octobre 1888, parue dans La Croix du lundi 5 août 2013, p 24 dans les pages Belles lettres qui sont publiées cet été). Merci Pascal de me l'avoir lue à belle voix et donnée la semaine dernière ;-)

Aujourd'hui, en connectant mes souvenirs avec mes pensées (j'étais allongée sur un transat dans le jardin, no wonder :) et créant ainsi un insight plein de sens, j'ai enfin trouvé cette liberté chérie, et le sentiment de bonheur qui l'accompagne parfois (ça dépend des moments), en tout cas de joie. De joie profonde. Profonde comme le fil qui me relie à la Terre et au Ciel.

 
#45-rythmes-rites-Louis Kend 2013

Depuis quelques jours, je ris. Beaucoup. Pas seulement pour relâcher les tensions de cette année difficile, mais aussi pour faire rire et sourire ceux que je croise. Je suis Verseau. Ces rires, c'est comme un torrent qui passe de l'un à l'autre. Et ils viennent du ventre, pas du mental. J'ai retrouvé ma nature profonde de petite fille*.


Lâcher-prise vs lâcher de ballons

Comme cet évènement quasi magique m'arrive au bout d'un long chemin, parcouru avec des personnes extra-ordinaires, je remercie fraternellement tous ceux qui m'ont fait confiance spontanément et inconditionnellement, et donné des trucs à "mâchouiller". Il fallait oser, quand même: Agathe, Alain-Antoine, Andrew, Anne, Béatrice, Claire, Constance, Denis, Dominique, Elisabeth, Emmanuel, François, Françoise, Gilles, Hugues, Isabelle, Jean-Philippe, Laurent, Louis, Marc, Maman, Michel, Naïma-Samia, Nathalie, Nicolas, Nicoline, Noanne, Olivier, Pascal, Patrick, Philippe, Régine, Sadanand, Scarlett, Stéphanie, Thierry, Val, Valéry, William, Xavier, Xtof et les autres...Que le souvenir de nos moments passés ensemble soit comme les étoiles dans le ciel: visible la nuit, invisible le jour, mais toujours présent.
J'aime bien cette phrase d'Albert Camus: "La vraie générosité envers l'avenir consiste à tout donner au présent." in L'homme révolté, 1966.


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* pour retrouver sa nature profonde, on peut lire Clarissa Pinkola-Estes: Femmes qui courent avec les loups
* et pour péter de rire (zkiouz my french), on peut voir cette vidéo :), ça change.

PS: une, deux, trois questions/intuitions que j'adresse aux médecins, thérapeutes de l'âme et de l'énergie et philosophes: y a t-il un lien avéré scientifiquement (ou pressenti s'il n'y a pas de thèse sur le sujet) entre la capacité pulmonaire d'un être (moi j'ai 155% de volume m'a dit un jour mon pneumologue) et la capacité de cet être à devenir spirituellement sensible (réf au souffle que l'on apprend au yoga et dans la philosophie indienne et Taoïste)?
Mon addiction au tabac depuis mes 15 ans m'a t-elle empêché d'y voir clair/de respirer sainement parce que mon esprit était embrouillé? (l'année du décès de mon frère aîné, je suis passée de seconde à première dans ma fratrie, m'opposant désormais seule à mon père qui me traitait de tambour crevé pour ne pas céder, inconsciemment, à mes tentatives de discuter avec lui d'adulte à adulte et implicitement de me positionner en tant que femme, que j'étais pourtant devenue, physiologiquement et mentalement)  M'a t-elle enfumé les neurones? 
Avec les conditions enfin réunies pour faire autre chose de mon temps que compenser l'imbroglio émotionnel familial, je vais peut-être arrêter de fumer? Que vais-je m'offrir avec ces économies?

1 commentaire:

  1. Quelques jours après, je constate que ce ne sont pas des économies que je réutilise, mais du temps que je peux enfin donner en abondance à ceux qui croisent mon chemin. Et je fais des rencontres surprenantes: Alain et Michel, sdf, Johannes le consultant en project management imprégné de freeware, etc....
    Bonne fête de l'Assomption et à toutes les Marie Myriam <3. B

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Merci pour votre commentaire! Béatrice